Que de vie dans un cadran !

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Sitôt son diplôme d’horloger en poche, Raymond Meeus s’est mis à l’œuvre. « Oser repousser les limites et relever de nouveaux défis », tel était alors son mantra. Au bout d’un an passé au département garantie de Citizen, il a choisi de prendre son indépendance et de suivre sa voie.

Outre ses activités de centre de service officiel d’Omega et de centre de service pour Breitling, Raymond Meeus s’est mis à ciseler des cadrans de montres. Au cours des premières années de l’Atelier d’horlogerie Meeus, il s’est rendu compte qu’il y avait un sérieux manque dans ce domaine en Belgique : “La seule solution consistait à aller chercher de l’expertise à l’étranger. Pour moi, cela a été le début d’une spécialisation en plus de la réparation, de l’entretien et de la fabrication de montres”. Avec un concepteur de matrices, Raymond a mis au point sa première presse sur mesure pour la fabrication de cadrans. Depuis quelques années, l’Atelier d’horlogerie Meeus a adopté un nouvel appareil qui permet de régler chaque étape dans les moindres détails. “Après avoir discuté de toutes les possibilités avec le client, c’est à lui de décider jusqu’où il veut pousser la restauration d’une montre, et voir si le coût en vaut la peine par rapport à la valeur de la pièce.

Même s’il ne faut pas trop lier celle-ci au prix d’achat ou à la valeur marchande actuelle. Très souvent, la valeur émotionnelle compte bien plus dans la décision d’entreprendre ou non les travaux de remise en état du garde-temps. »

Pour que le client se fasse une idée claire du travail à effectuer dans l’idéal, y compris les coûts et leur justification, l’atelier établit un cahier des charges détaillé, avant une discute à bâtons rompus. “De plus en plus de particuliers s’adressent à mon atelier via Google”, constate Raymond Meeus. “Les passionnés se mettent en quête d’artisans auxquels ils savent qu’ils pourront confier leurs montres en toute confiance.”

Le « full package »

Pour Raymond Meeus, c’est l’ensemble qui est essentiel : tout doit être tip-top, l’intérieur du garde-temps, son boîtier et, bien sûr, le cadran. Attention, une restauration n’est pas une ‘remise à neuf’ ! Raymond Meeus de préciser : « La restauration consiste à remettre la montre dans son état d’origine, tout en conservant la patine naturelle qui s’est développée au fil des ans. C’est particulièrement important pour les montres anciennes ».

La grande spécialité de Raymond demeure la fabrication de cadrans. Il s’agit en grande partie d’un travail manuel hyper raffiné, mais qui implique aussi un équipement très spécifique et peu courant, qu’on se le dise. “Il n’est pas question de copier l’original”, insiste Raymond Meeus, qui a lui-même acquis patiemment l’expertise nécessaire.

“C’est pourquoi, après avoir été libéré les aiguilles, le cadran d’origine doit d’abord être entièrement démonté. Je pense en particulier aux index qui sont montés et insérés à travers le cadran avec des aiguilles très fines. On les restaure à part et on les met soigneusement de côté, jusqu’au moment de les remettre en place.”

‘Un cadran, c’est plein de vie’, assure Raymond Meeus. Et quand on affûte son regard, quoi de plus vrai ? “Observez le relief aux couleurs nuancées, les ombres… Toutes ces propriétés doivent être conservées exactement telles quelles après la restauration.” Le cadran mis à nu subit une série traitements tels que le dégraissage, le ponçage, l’argenture, la dorure… pour lui redonner toute sa vivacité d’origine. Pour cela on effectue au préalable une analyse approfondie des couleurs.

Le verdict

Le cadran est entièrement redessiné, notamment grâce à un scan multicouches de l’originel, un procédé bien utile. Depuis peu, le fils de Raymond a rejoint le paternel. Sur base du scan, une plaque de gravure (plaque d’impression) peut être réalisée avec une précision allant jusqu’au micron. La dernière étape de la restauration concerne l’impression de toutes les indications sur le cadran – et il faut que ce soit d’emblée impeccable. « Impossible de corriger ! » souligne Raymond Meeus. « Il n’est pas rare qu’il faille recommencer à 3 ou 4 reprises et, à chaque fois, se motiver pour le faire… La difficulté réside dans de nombreux aspects, mais surtout dans le calibrage extrêmement précis des tampons de presse aux différents passages, sans perdre de vue le choix de la forme et de la dureté du tampon, ni la composition du vernis. Cela dit, certains cadrans anciens ne seront jamais parfaits à 100 %, à cause de l’alliage. »

Le passage à la gravure laser est actuellement à l’étude. Ce processus permet de travailler plus rapidement et avec plus de précision, mais il représente également une évolution importante pour assurer l’avenir de cette spécialisation unique en son genre. « Chaque étape du processus de restauration exige une extrême précision, mais surtout de la discipline : il faut savoir être critique envers soi-même », reconnaît Raymond Meeus. « Si je vois une erreur dans le résultat, le client la verra aussi. C’est quelque chose qu’on ne peut pas laisser passer. Il faut parfois mettre sa fierté en poche et recommencer encore et encore, jusqu’à ce que ce soit parfait. »

Partage de savoir-faire
Les 30 ans d’expérience de Raymond dans la restauration, la réparation et la fabrication de montres l’ont incité à organiser des cours dans son atelier. Un projet momentanément mis entre parenthèse à cause de la pandémie de Covid-19. Mais le syllabus de 100 pages est fin prêt !