Quand les enfants prennent la suite de leurs parents

Wolfers, prestige, juwelier

Un défi familial, émotionnel et sectoriel

Transmettre une affaire ne va jamais sans son lot d’émotions. C’est, en effet, une étape qui marque la fin de sa propre carrière, mais qui annonce aussi un nouvel élan prometteur pour l’entreprise. Un passage de flambeau qui peut être tout aussi crucial pour la survie de l’entreprise.

La reprise d’une affaire n’est pas la même selon qu’elle passe à un enfant unique qui décide de poursuivre l’activité parentale, à tous les enfants ou enfin – cas le plus fréquent – à un seul enfant qui reprend l’affaire, tandis que ses frères et sœurs réclament leur part. Dans le premier cas, l’attribution par le cédant peut faire toute la différence et faciliter le passage de flambeau. Dans le dernier cas, il est très important de se concerter et d’éviter toute dispute, afin de parvenir à la meilleure solution.

Plan quinquennal et évaluation annuelle

Rien de tel qu’un exemple pratique pour y voir plus clair. Imaginons qu’un père ait créé une entreprise et que son fils se lance à son tour en indépendant, le temps de se mettre le pied à l’étrier. Il le fait cinq ans avant la date de la passation d’affaire. Chaque année, une évaluation est faite pour voir si la reprise par le fils a des chances de réussir. Une évaluation financière peut également être effectuée chaque année par le comptable et un réviseur d’entreprise. On prévoit un processus de reprise optimal sur la base des chiffres mis à jour. Ce processus reçoit l’assentiment des membres de la famille qui ne se sont pas montrés intéressés par la reprise de l’affaire parentale.

Le processus de reprise prévoit que le père continue à travailler parallèlement pendant 5 ans et touche un salaire. La reprise se déroule en deux phases : une partie est payée immédiatement en tant que service antérieur et versée à une caisse d’assurance pension en cours ; une deuxième partie est financée grâce à un double prêt. Le premier prêt est contracté à titre privé par le fils, un second prêt est contracté par l’entreprise (société). Cet arrangement garantit une reprise financée au maximum par l’entreprise elle-même et donc d’autant plus accessible pour le fils. Pour la même raison, l’entreprise constitue des réserves pour le bonus de liquidation pendant une période de 5 ans. En plus de l’impôt sur les sociétés, des taxes seront dues pendant 5 ans.

Quelques recommandations

Il est essentiel d’initier la reprise sans tarder, de la rendre négociable et d’impliquer tous les membres de la famille. Rien de tel que de prendre son temps et de tout préparer soigneusement si l’on veut mettre en confiance les parties concernées. Appuyez-vous autant que possible sur la valeur intrinsèque de l’entreprise pour faciliter la reprise et en garantir le succès pour toutes les parties. On recommande un remboursement sur ≤ 7 ans. C’est également ce qu’attendent les banques, même si elles exigent parfois un délai plus court. La tendance à compter le moindre euro passe en général assez mal…

Dans son propre pays, on se tourne le plus souvent vers sa famille proche quand il s’agit de reprendre une affaire. Mais pourquoi ne pas envisager une reprise en dehors de ce cercle intime, par exemple imaginer que des employés fidèles puissent reprendre le flambeau ?

Le secteur fait valoir que les bijoutiers et les horlogers ont tout intérêt à ne jamais laisser passer une chance de reprise saine. La visibilité de ce secteur qui a pignon sur rue est d’une importance vitale. S’il ne devait rester que quelques rares bijoutiers-horlogers sur la place, ce serait néfaste pour tout le monde et le chiffre d’affaires s’en ressentirait vite, en raison de la baisse d’intérêt pour le secteur.