Les diamants synthétiques sous la loupe

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Jusqu’i y a peu, 99 % des diamants de synthèse – ou diamants produits en laboratoire – ne servaient que dans l’industrie. Mais depuis une dizaine d’années, les coûts de fabrication de ce type de diamant sont devenus dix fois moindres, ce qui leur vaut d’être désormais utilisés en bijouterie. Mais de quelle manière ces man-made diamonds vont-ils impacter le secteur diamantaire ? Et comment les situer par rapport aux pierres naturelles ? Nous avons glané des réponses chez HRD Antwerp et GIA Belgium.

Que l’on soit pour ou contre, les diamants de laboratoire sont de véritables diamants, et ne peuvent en aucun cas être comparés aux imitations, comme le zircon, la moissanite ou les diamants traités chimiquement pour en améliorer la couleur ou la pureté. Leurs propriétés chimiques et physiques sont identiques à celles d’un diamant naturel. La seule différence réside dans l’origine de la pierre. “Là où le diamant naturel se forme pendant des milliards d’années sous la croûte terrestre avant d’être repoussé à la surface par des forces volcaniques, le diamant de synthèse est cultivé en labo. Il y subit des conditions extrêmes, comparables aux forces terrestres, afin d’obtenir un diamant brut de manière accélérée”, explique Anthony Licht, directeur des opérations chez GIA Belgium.

“La production comme la qualité des diamants de labo va croissant. Aujourd’hui, ils sont commercialisés dans le monde entier, principalement au format « mêlé » (moins de 0,25 carat), mais parfois aussi beaucoup plus gros. On fabrique également beaucoup plus de pierres de couleur ou quasi incolores, elles aussi de plus en plus pures. Elles se sont taillé une place sur le marché global, ce qui ne pose aucun problème à GIA, pour autant que le consommateur sache ce qu’il achète. “Nous conseillons de toujours réclamer un certificat à l’achat d’un diamant. La différence entre un diamant naturel et de synthèse n’est même pas décelable au microscope. Il faut disposer d’un matériel tout à fait spécifique et avoir été formé – par exemple à la détection de la structure interne du diamant – pour voir la différence entre les deux.” Il était donc grand temps de passer à la loupe les diamants de laboratoire.

En labo, production par HPHT ou CVD

Laurence Vandenborre, head of marketing chez HRD Antwerp, insiste avant tout sur la différence entre les deux techniques de production mises en œuvre pour obtenir des diamants de laboratoire : “La première technique en date est celle dite HPHT. Dans les années 1950 déjà, on s’en servait pour fabriquer des diamants pour l’industrie. Mais, depuis les années 1990, cette technique a tant évolué qu’elle permet la production de diamants de qualité joaillière. La seconde technique s’appelle CVD – acronyme pour Chemical Vapour Deposition. Ce n’est que depuis 2013 que l’on voit vraiment se développer les diamants CVD en bijouterie.”

HPHT

HPHT signifie High-Pressure High-Temperature. Cette technique injecte dans le graphite (composé d’atomes de carbone) un catalysateur de métal, par exemple du fer, du nickel ou du cobalt, pour produire des diamants à très hautre pression (50 000 atmosphère) et très haute température (jusqu’à 1400 °C). La technique HPHT permet de produire 10 000 diamants en deux à trois jours. Les pierres sont toutes identiques, ce qui permet de les polir beaucoup plus facilement. On obtient ainsi des diamants jaunes, bleus et même incolores. Ils sont en général traités par la suite.

CVD

Dans le cas du CVD – Chemical Vapour Deposition – la processus de production dure trois à quatre semaines. Cette techniquee consiste à cultiver des diamants à partir d’atomes, couche par couche. On obtient ainsi quelques mètres cubes à l’heure. Ici, pas besoin de catalysateur. La machine est nettement plus compacte que dans le cas des diamants HPHT. “HRD constate une augmentation des diamants CVD dans le mêlé à destination des montres ou pour accompagner un diamant naturel dans la fabrication d’une bague, par exemple”, précise Laurence. “Le CVD donne plutôt des diamants marrons qui nécessitent d’être colorés ensuite.”

CVD ou HPHT, auquel va la préférence ?

“Difficile à dire. Aujourd’hui, les deux techniques offrent une qualité identique. La production HPHT est plus rapide mais plus chère et plus énergivore. Imaginons que vous produisiez surtout de grandes quantité de mêlé ; dans ce cas, le CVD sera financièrement plus intéressant. Si l’on prend en compte la couleur et la qualité intrinsèque, la technique HPHT était nettement meilleure, sauf qu’aujourd’hui on obtient des résultats tout aussi satisfaisants avec le CVD”, déclare Laurence.

“La joaillerie de luxe exige l'usage excluSif de diamants naturels mais il existe aussi un marché pour les diamants de synthèse.” - Laurence Vandenborre, HRD

Quel impact sur le diamant naturel ?

Les producteurs de diamants de laboratoire mettent en avant, outre le prix avantageux, leur rôle sociétal. Ils soutiennent que le diamant synthétique est le seul à offrir des garanties éthiques et écologiques. Alors que l’extraction de diamants naturels aurait un impact considérable sur la planète et la santé des mineurs. “La durabilité est devenue un argument de vente important et les producteurs jouent là-dessus. Chez HRD, nous croyons qu’il existe aujourd’hui deux marchés”, détaille Laurence. “Vous avez, d’une part, les bijoux fashion qui visent les millenials et qui sont considérés comme des accessoires de mode. Là, on verra sans doute, à l’avenir, de plus en plus de diamants synthétiques. Lightbox, du géant du diamant De Beers, en est un bel exemple. Les créateurs de joaillerie de luxe, en revanche, sont censés n’utiliser que des diamants naturels. Leurs créations sont considérées comme des pièces uniques, de réels investissements et doivent donc proposer du vrai et rien que du vrai.”

Impact sur les certificateurs

“Ces dernières années, on voit passer de plus en plus de diamants de synthèse, des pierres que nous pouvons également certificer”, poursuit Laurence. “Mais il est aussi de plus en plus fréquent que nous recevions des bijoux dont on ignore s’ils comportent des diamants naturels ou de synthèse. Dans ce cas, nous renvoyons le bijou en demandant si la personne souhaite remplacer le diamant de synthèse par un diamant naturel, afin de faire certifier le bijou en conséquence.”

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“Le volume et la qualité des diamants de laboratoire ne vont cesser de croître : à nous de rester à la pointe des dernières avancées technologiques.” - Anthony Licht, GIA

Diverses méthodes d’évaluation

Tant GIA que HRD décernent actuellement des certificats pour des diamants de laboratoire, mais à chacun sa méthode. Chez GIA, tout diamant déposé fait l’objet d’une enquête quant à son origine et se voit étiqueté naturel ou de synthèse. “Depuis 2007, nous remettons aussi un rapport d’évaluation pour les diamants de labo. Le GIA Laboratory-Grown Diamond Report reprend une terminologie spécifique pour déterminer la couleur et la pureté. En ce qui concerne la couleur, ce sera : Colorless (incolore), Near-Colorless (quasi incolore), Faint (très léger), Very Light (très peu coloré) et Light (peu coloré). Pour la pureté d’un diamant de labo, on parle de Flawless (pur), Internally Flawless (pur à la loupe), Very Very Slightly Included (quasi aucune inclusion), Very Slightly Included (très petites inclusions), Slightly Included (petites inclusions) en Included (inclusions). Ces dénominations apparaissent sur le rapport, en plus de notre échelle de D à Z, de sorte que l’utilisateur peut comparer l’évaluation d’un diamant synthétique par rapport à celle d’un diamant naturel, à savoir : une pierre Near-Colorless correspond à un G ou un J. GIA a également développé un petit instrument de mesure pour les bijoutiers, le GIA iD100, qui permet de vérifier rapidement si l’on se trouve face à un diamant naturel ou de synthèse. Si vous avez un doute ou si vous avez mélangé des diamants (mêlé) de labo avec des diamants naturels, vous pouvez faire appel au Melee Analysis Service de GIA. Vous aurez droit à un rapide screening des pierres qui permettra de séparer les diamants naturels, non traités, des diamants traités et synthétiques. Chez HRD, on reconnaît les rapports de classement des diamants synthétiques à leur couleur jaune et à leur appellation : Laboraty Grown Diamond Grading Report. “Depuis peu, nous jugeons les diamants de laboratoire de la même façon que les diamants naturels. Finalement, il s’agit d’un même produit. Nous avons donc décidé de procéder de manière uniforme. Comme pour un diamant naturel, nous appliquons la règle des quatre C : carat, couleur, clarity (pureté) et cut (taille). Aujourd’hui, il n’existe pas de listes tarifaires fixes pour les diamants de labo. Nous constatons que les revendeurs se réfèrent aux tarifs des diamants naturels, avant d’appliquer la réduction pour des diamants de synthèse. Cette réduction est actuellement de 50 à 60 %”, spécifie Laurence.

L’avenir du diamant de synthèse

“Chez HRD, nous considérons le diamant de labo comme un produit de masse. Les statistiques démontrent que les diamants synthétiques représentent actuellement 3,5 % de l’ensemble du marché. Cette part est appelée à croître et à atteindre 6 % d’ici cinq ans. La Chine est en ce moment le producteur numéro un : elle assure 56 % de l’ensemble de la production – un chiffre qui va grossir. À côté de cela, le prix des diamants de labo ne cesse de chuter. Il y a cinq ans, ils n’étaient que 10 % moins cher qu’un diamant naturel, aujourd’hui, c’est 50 %. À en croire les prévisions, cet écart pourrait monter jusqu’à 80 %. C’est énorme”, fait remarquer Laurence. “Les volumes et la qualité continueront d’augmenter, et c’est à nous, laboratoires d’analyse, de rester à la pointe des dernières avancées technologiques. Cela nous permettra de garantir les achats, aux bijoutiers comme aux particuliers”, conclut Anthony.