Brexit : la tension va croissant
Le Brexit désigne familièrement le projet de sortie du Royaume-Uni de l’Europe, une décision tombée à l’issue d’un référendum qui s’est tenu le 23 juin 2016. Une courte majorité des 72,2 % de Britanniques y ayant pris part ont voté, à 51,9 %, pour que leur pays quitte l’Union européenne. Le magazine Prestige ne fait pas de politique mais il va de soi que le Brexit ne sera pas sans conséquences pour notre secteur d’activité.
Le traité instituant la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) est considéré comme l’un des actes fondateurs de la Communauté économique européenne (CEE). Le 1er janvier 1958, six pays en ont posé les bases : la Belgique, la République fédérale d’Allemagne (RFA), la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. La CEE s’est élargie avec l’arrivée du Danemark, de l’Irlande et du Royaume-Uni le 1er janvier 1973.
À partir de 2009, on parle d’Union européenne (UE), aujourd’hui composée de 28 pays. L’UE est dotée d’un marché commun interne dénué de frontières, au sein d’un système juridique standardisé valable pour tous les Etats membres. La politique de l’UE est axée sur la libre circulation de la main-d’œuvre, des biens, des services et des capitaux. Le marché unique européen est le plus vaste de son genre au monde.
À noter qu’il existe aussi une union douanière qui supprime toutes les charges sur le trafic entre Etats membres. Ces derniers appliquent par ailleurs un tarif douanier commun en ce qui concerne les relations avec les pays tiers.
L’esprit de l’UE s’est encore renforcé avec la mise en place d’une union monétaire – appellée zone euro – en 1999. Depuis janvier 2015, 19 pays en font partie. Mais pas le Royaume-Uni…
Un départ compliqué
Les Britanniques ont annoncé officiellement leur décision de quitter l’UE le 29 mars 2017, un choix qui a surpris. Le Brexit s’est tout de suite accompagné d’une foule d’incertitudes et de polémiques. Le fait que cette sortie résulte d’une courte majorité – 51,9 % de voix « contre » et 48,1 % de voix « pour » – n’y est bien sûr pas étranger.
Le 29 mars 2019, à 23h, l’UE aurait dû poursuivre son petit bonhomme de chemin sans les Britanniques. Sauf que ce ne fut pas le cas. À une semaine de la date officielle de retrait du Royaume-Uni, le Conseil européen a décidé de reporter la date limite au 22 mai 2019… puis au 31 octobre 2019, date limite actuellement fixée pour conclure l’accord final de retrait.
Le gouvernement britannique mené par Theresa May est tombé le 24 juillet 2019, après un parcours pour le moins chahuté, faute de n’avoir pu aboutir avec l’Europe à un accord sur le Brexit. Successeur de Theresa May, le Premier ministre Boris Johnson s’est contenté, depuis son élection, de jeter de l’huile sur le feu. Il brandit la menace d’un « hard Brexit », à savoir une sortie sans accord qui couperait tous les ponts – ou presque – avec l’UE. A l’inverse, en cas de « Brexit doux », les Britanniques continueraient à faire partie du marché interne européen.
Bien que le parlement britannique soit en vacances jusqu’au 3 septembre, il a été établi le 19 août qu’en cas de « hard Brexit » c’en serait fini de la libre circulation des personnes entre la Grande-Bretagne et les pays de l’UE. Et ce avec effet immédiat, le 31 octobre 2019. Ce qui laisse à craindre pour la libre circulation des biens, un sujet pour lequel Theresa May avait prévu une période de transition jusqu’à fin 2020.
Beaucoup de flou et de questions en suspens
En cas de « hard Brexit » le 31 octobre, il ne sera plus question de libre circulation des biens avec le Royaume-Uni. Des droits d’importation et d’exportation seront alors imposés par les deux parties.
Pour les Etats membres de l’UE, l’article 110 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne prévoit que l’on ne puisse percevoir de taxes plus élevées sur les marchandises provenant d’autres Etats membres que sur les produits nationaux similaires. En outre, les taxes sur les produits issus d’autres Etats membres ne peuvent servir à protéger indirectement les productions propres. Tout cela tombera en désuétude en cas de « hard Brexit ».
La question est de savoir comment le commerce des montres et des bijoux pourrait être impacté. La Grande-Bretagne deviendra-t-elle une concurrente redoutable, pratiquant des prix cassés qui inciteraient les particuliers à faire leurs achats outre-Manche ? Le commerce en ligne au départ du Royaume-Uni pourrait-il saper notre commerce national ? Comment les producteurs et les grossistes réagiraient-ils à de (fortes) disparités de prix entre la Grande-Bretagne et les pays européens ?
Prestige espère pouvoir vous en dire plus dans sa prochaine édition.