Etre bien assuré: un must qui n’a rien d’une evidence

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Les bijoutiers et les spécialistes de l’horlogerie de luxe, et tous ceux qui combinent les deux secteurs, apparaissent hélas régulièrement dans les médias en tant que victimes d’actes criminels : cambriolages, vols à l’étalage, vandalisme… Chaque forme de criminalité s’accompagne de dégâts matériels et financiers importants, sans parler du traumatisme psychologique pour le gérant et son personnel.

Souscrire une assurance capable de couvrir au mieux les risques encourus est plus que conseillé : c’est une nécessité absolue. “Chaque bijoutier a le droit d’être assuré”, insiste maître Paul-Henry Delvaux, avocat associé chez Janson Baugniet, un groupement d’avocats multidisciplinaires qui compte quatre cabinets en Belgique. “A l’inverse, toute compagnie d’assurances a le droit de refuser tel ou tel risque à couvrir et/ou d’imposer certaines conditions avant de conclure une police.”

Ceci est également valable pour les assurances obligatoires, comme la RC pour les automobilistes. Afin de permettre aux conducteurs “exclus” de pouvoir souscrire malgré tout à cette assurance incontournable, les assureurs belges ont créé un pool. Grâce à ce fond commun, le risque accru lié aux “mauvais conducteurs” se trouve partagé entre plusieurs compagnies.

AU-DELA DE NOS FRONTIERES

Les bijoutiers ne sont évidemment pas obligés de s’assurer, mais il leur est fortement conseillé de le faire. La Belgique est un petit pays et la couverture des risques encourus par les bijoutiers représente vite de très grosses sommes. Chez nous, le principe des assurances s’apparente à une sorte de mutualité : un maximum d’assurés paient collectivement ds primes afin de couvrir tels ou tels aléas – relativement limités – au sein de leur groupe. Ce partage des aléas par un maximum de participants permet de limiter les risques réels dans le chef de l’assureur, et donc de ne pas faire gonfler le prix des polices. Cette méthode n’est hélas pas applicable aux bijoutiers. Pourquoi ? Sur le petit marché belge, la disproportion est trop grande entre les très importants montants à couvrir et le nombre d’assurés relativement limité. D’une manière générale, les assureurs ne pourraient pas prendre ce risque, ou ils devraient imposer des primes énormes. La solution consiste à aller voir à l’étranger, en particulier la Grande-Bretagne.

La Lloyd’s of London concentre depuis 1688 le plus grand marché des assureurs. Elle regroupe une cinquantaine de compagnies de premier plan auxquelles on peut faire appel via 200 courtiers inscrits à la Lloyd’s. La procédure se déroule comme suit : d’abord le risque à assurer est taxé, ensuite on vous propose une police sur mesure. Un certain nombre de compagnies se partagent le risque et se regroupent en “syndicat de signataires” pour l’objet à assurer. “Ce type d’assurance est également adapté à la couverture de biens de grande valeur, tels que les avions et les bateaux”, précise maître Paul-Henry Delvaux. “Mais il ne concerne pas que des biens matériels, ce type d’assurance peut aussi couvrir une cyberattaque ou le vol de développements technologiques particuliers.”

Pour les bijoutiers, il existe une “Jewelers block policy”, une sorte de police d’assurance standardisée destinée à leur secteur d’activité. La Lloyd’s of London dispose depuis le 1er janvier 1994 d’une branche belge, à laquelle s’ajoutent des courtiers de la Lloyd’s accrédités en Belgique.

ET LA PREUVE?

En cas de dommages passés se pose la question de la preuve à apporter. “Les bijoutiers ont tendance à sous-évaluer la valeur de leur stock”, déclare maître Paul-Henry Delvaux. “D’autant que certaines pièces peuvent avoir pris de la valeur au fil du temps. Au final, la seule preuve du prix des montres et des bijoux présents dans le stock se limite souvent au livre de comptes.”

En l’absence de preuve d’achats de certaines pièces, l’assureur – ou le groupement d’assureurs – n’est pas toujours enclin à croire le bijoutier sur parole. “Plus la comptabilité est détaillée, plus les preuves seront jugées solides aux yeux des assureurs”, prévient maître Paul-Henry Delvaux. “Si trop de vols ou de dégâts surviennent, la police d’assurance peut être suspendue. En tout cas, cette police pourra revue chaque fois qu’il sera fait appel à l’assurance, dee nouvelles règles de sécurité seront éventuellement imposées et/ou certaines pièces exclues de la police.”