‘Swiss Made’ – Le label qualité qui sonne toujours à l’heure (ou pas)

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En 2017, H. Moser & Cie lançait la Swiss Mad : une montre 100 % Swiss made au boîtier en forme de Vacherin Mont-d’Or – si, si, le fromage ! – et au bracelet en peau de vache. Une façon pour la manufacture de protester contre les règles, jugées trop laxistes, du label Swiss made. Au-delà de ce clin d’oeil pointent colère et indignation, car H. Moser & Cie n’est pas la seule maison à souffrir de voir nombre de marques arborer “à tort” le fameux label. Que recouvre exactement le label Swiss made ? Nous avons pris le pouls du secteur et sommes remontés dans le temps pour mieux comprendre.

SUR LES TRACES DE BREGUET

En matière de montres et d’horlogerie de qualité, la Suisse s’affirme comme une pionnière depuis plus de deux siècles. Si les Suisses ne sont pas les premiers à expérimenter dans ce domaine, c’est bien un Suisse, Abraham-Louis Breguet, qui jette les bases de l’horlogerie moderne, en tant qu’inventeur d’une série de composants toujours utilisés en 2018. Pourtant, il faut attendre la Seconde Guerre mondiale pour que les choses s’accélèrent : pays neutre, la Suisse produit des montres qu’elle vend partout, tous camps confondus (alliés ou non). Une longueur d’avance que les Helvètes n’ont jamais perdue.

PROUESSE AU FORMAT DE POCHE

Le riche passé de l’horlogerie, cet art minutieux et son savoir-faire soigneusement transmis, a toujours valu aux montres suisses leur allure souvent copiée mais jamais égalée. Plus qu’un accessoire de mesure du temps, la montre suisse revêt un prestige particulier :
elle concrétise un rêve et un désir. Celui qui possède une montre suisse de qualité sait qu’elle pourra être transmise aux générations futures sans rien perdre de son aura. Témoin d’un savoir-faire à la fois ancestral et novateur, la montre Swiss made incarne la précision, le cachet et le caractère.

LES LIMITS D’UN LABEL

C’est précisément en raison de cet artisanat de qualité supérieure et de ce savoir-faire minutieux que les autorités suisses avaient décidé de fixer les conditions d’octroi du label de qualité dans une Ordonnance datée du 23 décembre 1971. La Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) qui veille sur le précieux label, édicte aujourd’hui les normes minimales suivantes :

  • La montre doit être suisse.
  • Les composants du boîtier doivent avoir été assemblés en Suisse.
  • Le producteur doit effectuer l’inspection finale en Suisse.

Il est à noter que “seuls” 60 % (auparavant 50 %) de la montre doivent être fabriqués en Suisse. Autrement dit, certains composants – le boîtier, le cadran, le bracelet… – peuvent avoir été fabriqués ailleurs, pour autant que l’assemblage se déroule en Suisse. De fait, il n’est pas rare de trouver dans une montre estampillée Swiss made des pièces (bon marché) produites en Asie. Et c’est là que le bât blesse aux yeux des responsables des manufactures premium.

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LE TEMPS NOUS LE DIRA…

Les marques horlogères suisses traditionnelles estiment que le label manque de rigueur. Un peu comme si l’on mettait dans le même sac haute couture et fast fashion. Le label Swiss made n’est-il pas galvaudé, quand on sait que certains composants anonymes ont été fabriqués à la chaîne en Asie ? Ce mélange des genres ne risque-t-il pas d’ôter au label suisse son attractivité et son caractère exclusif ? D’autant que les règles actuelles risquent de provoquer la confusion, voire d’encourager les abus. Pour éviter cela, la FH a proposé, en 2007, un projet de durcissement des conditions d’octroi, afin que 80 % minimum des frais de production soient réalisés en Suisse. Cette proposition a été accueillie très favorablement par les horlogers suisses, soucieux de préserver leur réputation et leur crédibilité. Malheureusement, aucun consensus n’a encore pu être dégagé et ce projet reste pour l’instant à l’état d’ébauche, si ambitieuse soit-elle. Le temps nous dira s’il verra finalement le jour…