Assurer ses marchandises en tant que bijoutier – Un combat perdu d’avance ?
Il arrive parfois que des bijoutiers se plaignent d’avoir perdu leur assurance suite à un sinistre ou bien qu’ils ne trouvent pas ou plus de compagnie pour les assurer. Bien que ces cas ne soient pas légion, il est vrai que le marché de l’assurance bijouterie en Belgique est difficile. Les raisons de ce phénomène sont multiples.
Mais la cause principale reste sans aucun doute la rentabilité du produit. En effet, bien que l’on puisse trouver les primes pour ce type d’assurance onéreuses, il faut se rappeler que le principe de l’assurance est la mutualisation des risques. C’est-à-dire, une majorité d’assurés qui cotisent afin de combler les pertes d’une minorité malchanceuse. Pour que ce principe de mutualisation fonctionne, les assureurs ont besoin d’un certain nombre d’assurés afin d’obtenir un encaissement minimum. De ce volume de primes encaissées, l’assureur déduit en moyenne 50% afin de couvrir ses frais divers et il alloue les 50% restant au paiement des sinistres. Par conséquent, pour faire face à des dommages importants, il a besoin d’un maximum de rentrées. Cependant, force est de constater qu’une majeure partie des bijoutiers ne sont pas ou plus assurés, il y a donc un manque à gagner.
Par rapport à ce constat, on peut penser que le nombre de sinistres est proportionnel au nombre d’assurés, donc qu’in fine, le problème reste identique. Cette théorie bien qu’elle puisse sembler logique n’est pas juste. En effet, en assurance, il faut distinguer deux types de sinistres, les petits sinistres récurrents, nommés l’attritionnel et les sinistres majeurs. Les petits sinistres représentent +/- 80 % du volume géré par les assureurs. Ceux-ci coûtent cher à gérer mais les montants à débourser restent raisonnables. Il s’agit d’envois perdus, de vol à l’étalage, de vol par tromperie, de perte, etc. Bien que dans beaucoup de cas, ces sinistres pourraient être évités par plus de vigilance de la part de l’assuré, ils demeurent chaque année et augmentent proportionnellement au nombre d’assurés en portefeuille.
Les sinistres majeurs, cambriolage, hold-up, tiger-kidnapping, sont quant à eux plus rares mais coûtent très chers. Néanmoins, contrairement au premier type de sinistres, ils n’augmentent pas de manière proportionnelle au nombre d’assurés. C’est pourquoi, plus l’assureur encaissera de prime, plus facilement il pourra les absorber.
Cependant, dû à sa petite taille et au problème de non-assurance expliqué plus haut, la Belgique ne génère pas suffisamment de prime pour combattre chaque année, l’attritionnel ainsi que tous les sinistres majeurs. C’est pourquoi, seulement deux ou trois assureurs belges sont encore actifs dans ce domaine, alors que plus d’une centaine sont présents sur le territoire. C’est pour cette raison également que les courtiers d’assurance spécialisés en bijouterie ont depuis longtemps compris qu’il fallait travailler avec les marchés d’assurance internationaux. Ceux-ci étant présents dans différents pays, ils touchent plus d’assurés et sont par conséquent plus forts financièrement. Ce qui leur permet de proposer des couvertures plus larges et de meilleures qualités. Malheureusement, le bijoutier traditionnel fait trop confiance en son courtier généraliste qui bien souvent ignore tout de l’assurance bijouterie et a très peu de solutions à proposer.
Le commerçant souscrit dès lors auprès d’une compagnie belge un produit d’assurance plus ou moins adapté à son activité et sans réelle certitude sur le long terme. En conclusion, dans ce marché difficile, il y a deux solutions, la première serait que chacun s’assure, ce qui favoriserait l’assouplissement du marché belge avec en plus l’arrivée éventuelle de nouveaux acteurs, hypothèse malheureusement peu probable. Autrement, solution plus concrète, celui qui est désireux d’être bien assuré dirige sa demande vers un courtier spécialisé et laisse à son conseiller d’assurance généraliste le reste de ses assurances, choix qui lui fera augmenter sérieusement ses chances de trouver une ou des assurances de qualité pour sa bijouterie.
Guillaume Ubaghs, Chief Operations Officer Anglo Belge Special Risks.
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